1772 : l’affaire James Somersett

1772 : l’affaire James Somersett

En 1772, l’affaire James Somersett enclencha le processus d’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises.

Pour l’historien afro-américain Gerald Horne (auteur de La contre-révolution de 1776, The counter-revolution of 1776, New York, 2014) cette affaire aurait également provoqué la révolte des colonies britanniques d’Amérique qui redoutaient qu’une prochaine abolition de l’esclavage n’entraîne la ruine de leur économie.  De fait, l’indépendance américaine eut pour effet de retarder de 32 ans l’abolition générale de l’esclavage.

James Somersett avait été acheté comme esclave en Virginie en 1749 par un Anglais, Charles Stuart qui le ramena à Londres en 1769.

Ayant pris conscience qu’il existait une opinion défavorable à l’esclavage en Angleterre et ayant pris contact avec l’abolitionniste Granville Sharp, Somersett s’enfuit et fut baptisé.

Repris par son maître et embarqué sur un navire, Somersett fut sauvé de justesse par ses amis abolitionnistes qui, au nom du principe de l’habeas corpus, ordonnèrent au capitaine de se présenter avec Somersett devant la plus haute juridiction britannique. Le capitaine dut obtempérer.

La décision fut rendue le 22 juin 1772.

« La situation d’esclave est d’une telle nature qu’elle n’a pu être instituée pour aucune raison morale ou politique, mais uniquement par une loi promulguée, qui reste en vigueur longtemps après que la raison, l’occasion, et les circonstances même où elle a été créée ont disparu de la mémoire. Cette situation est si odieuse que rien ne peut être invoqué pour la soutenir, sinon la loi. Quels que soient les inconvénients qui pourront être la conséquence de ma décision, il m’est impossible de dire que cette situation est permise ou approuvée par la loi de l’Angleterre, et donc ce noir doit être considéré comme libre.  »

Lord Mansfield, président de la Cour royale.

A partir de cet arrêt, tout esclave fut libre dès qu’il arrivait sur le sol britannique.

L’esclavage ne fut aboli qu’en 1833 dans les colonies anglaises, suite à la résistance des esclaves marrons de la JamaÏque.

Au même moment la situation se durcissait en France.

Une déclaration royale du 9 août 1777 fait « défense aux colons d’introduire dans le Royaume aucun noir, mulâtre ou autres gens de couleur, d’affranchir aucun des esclaves qu’ils auraient amenés. Les maîtres ont un mois pour déclarer leur domesticité africaine au greffe de l’Amirauté de leur lieu de résidence. A défaut, les serviteurs seront en droit de réclamer leur liberté. »

Le principe que la terre de France ne porte aucun esclave (posé par Louis X le Hutin dès 1315 et réaffirmé par les tribunaux à partir du 16e siècle ) avait été mis à mal par un édit de 1716, confirmé en 1738 (suite à l’affaire Jean Boucaud qui avait permit à un esclave d’obtenir sa liberté devant un tribunal).

Dans la pratique, les maîtres ne pouvaient plus séjourner avec leurs esclaves en France (comme ils étaient autorisés à le faire pendant 3 ans depuis 1716), mais du même coup, pour éviter toute difficulté, il était interdit aux Afro-descendants et aux Africains d’entrer en France.

La situation était donc beaucoup plus libérale en Angleterre.

Les États-Unis, suite à la révolte des colonies britanniques, n’abolirent définitivement l’esclavage qu’en 1865, 32 ans après l’abolition anglaise.

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