Alexandre Dumas et la communauté noire

Alexandre Dumas et la communauté noire

En 1838, Alexandre Dumas, dans une lettre adressée à des Haïtiens, appelait les « hommes de couleur » du monde entier à s’unir, y compris d’un point de vue financier, pour ériger un monument à la mémoire de son père, le général Dumas.

C’est dans cet esprit que l’association des amis du général Dumas, après avoir permis de réinstaller à Paris en 2009 un monument à la mémoire du général Dumas évoquant l’esclavage, lutte pour faire réinstaller la statue du général, érigée en 1913, conformément à la lettre qui suit, et abattue par les collaborateurs en 1942.

Mes chers compatriotes,

Souvent, j’ai été sollicité à la fois par des amis et par mon propre cœur de faire élever une statue à mon père ; cette statue, faite par l’un des meilleurs artistes de la capitale, grâce aux relations que j’ai avec tous, et à la fourniture que ferait du bronze le gouvernement, ne coûterait pas plus de 20 à 25 000 francs.

Voici donc ce que j’ai l’honneur de vous proposer, Messieurs :

Une souscription à 1 F serait ouverte parmi les hommes de couleur seulement, quelle que soit la partie du monde qu’ils habitent. A cette souscription ne pourront se joindre, pour les sommes qui leur conviendront, que le roi de France et les princes français, ainsi que le gouvernement d’Haïti, et si, comme il y a tout lieu de le croire, la somme, au lieu de se monter à 25 000 F, se monte à 40 000, on fondrait une seconde statue pour une des places de Port-au-Prince; et alors, j’irais la conduire et l’y ériger moi-même sur un vaisseau que le gouvernement français me donnerait pour l’y emporter. Je ne sais, Messieurs, si la douleur récente que j’éprouve [Alexandre Dumas vient de perdre sa mère] et qui réveille cette vieille et éternelle douleur de la mort de mon père, ne me rend pas indiscret, et ne grandit pas à mes propres yeux les mérites de celui que Joubert appelait la terreur de la cavalerie autrichienne et Bonaparte l’Horatius Coclès du Tyrol ; mais il me semble en tout cas qu’il serait bon que les Haïtiens apprissent à la vieille Europe, si fière de son antiquité et de sa civilisation, qu’ils n’ont cessé d’être français qu’après avoir fourni leur contingent de gloire à la France.

Alexandre Dumas, 5 août 1838

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