D’où vient le mot mulâtre ?

D’où vient le mot mulâtre ?

Le mot mulâtre vient de l’espagnol mulatto, qui signifie mulet.

Pour plaisanter, les esclavagistes prirent l’habitude d’appeler mulets les enfants qui résultaient de leur relations sexuelles (qui étaient souvent des viols) avec leurs esclaves africaines.

Le mulet est un hybride stérile qui résulte de la saille d’un âne avec une jument. On le confond souvent avec le bardot qui résulte de la saillie d’un cheval avec une ânesse.

Dans l’esprit des colons, l’union avec une africaine était contre-nature et pouvait être comparée à l’hybridation de deux espèces d’équidés voisines.

Inutile de préciser que le terme de mulâtre était extrêmement méprisant et injurieux.

Il est considéré comme tel aux États-Unis, où il est impensable qu’on puisse parler publiquement de mulatto sans passer pour un raciste primaire.

Au Brésil la mulata désigne la danseuse de carnaval qui exhibe sa libido.

En France, curieusement, cette expression révoltante, ouvertement raciste et esclavagiste, continue à cette parfois utilisée, y compris par certains afro-descendants qui croient sans doute qu’ils seront mieux intégrés dans une société raciste en prenant les devants et en s’insultant eux-mêmes.

Les Haïtiens utilisent également le terme de mulâtre pour désigner – non sans une pointe de mépris- ceux qui une ascendance européenne et constituent une classe socio-économique très minoritaire et très favorisée.

 

 

 

 

11 réactions au sujet de « D’où vient le mot mulâtre ? »

  1. Bonjour, je suis contente de trouver se site car je suis née et ai grandi dans la caraïbe mais dans ma famille (d’un côté d’origine polonaise, de l’autre d’origine africaine) le sujet de l’esclavage et tout ce qui va avec est assez tabou.

    Je serai mère d’un petit garçon qui va naître et grandir dans le pacifique et j’aurai aimé transmettre l’histoire de mes ancêtres (avec toute la sagesse qui va avec).

    Donc dans ma quête d’informations je suis tombée sur votre site qui m’a beaucoup plus et vous remercie d’être là pour des personnes qui comme moi sont à la recherche de leur passé.

  2. Jean-Eric, les mots « mulâtre » et métis n’ont pas la même signification. Mulâtre : mélange de « noir » et de « blanc », contrairement au métis (par exemple, indien et « blanc »)

    1. Myrielle L, vous faites une petite confusion de vocabulaire : en effet, métis veut dire mélange. Tous les Afro-descendants sont issu du métissage, qu’on se le dise. Mais à l’époque, on précisait le degré, d’où tous ces qualificatifs. Qui disait que « Demain sera métis » ? Depuis que l’homme voyage, il y a métissage.

  3. Mulâtre est un terme péjoratif depuis le début; je lui préfère le mot métis. En revanche nègre ne l’était pas et était synonyme de noir. Il l’est devenu par le racisme des blancs et l’esclavage. Même « noir » devient pour certains un mot délicat à utiliser. Je trouve cela dommage et j’apprécie par exemple que le mot « négritude » reprenne fièrement le mot nègre.

  4. Dès l’instant où l’on sait que la race humaine est unique et monogénitiquement africaine, on doit essayer d’éliminer tout le vocabulaire issu de l’esclavage, y compris le terme de « créole » que la linguistique retient sous la forme de « créolisation » (rapport entre une langue dominante A et une autre dominée B, d’où résulte une troisième langue C hybride). On peut également l’admettre dans les expressions restreintes « langue créole », « créolophone », et puis « architecture créole », etc…

    D’autre part, l’esclavage fut le premier stade des sociétés de classes, lié à la guerre, au sexisme et forcément au racisme, sur tous les continents. Il a fait la richesse de Venise et des marchands arabes en Méditerranée durant plusieurs siècles : il concernait les Slaves (d’où le mot « esclave »), les chrétiens, les musulmans et, bien sûr, les Africains subsahariens. Comme l’explique Césaire, les Européens ont appliqué la « grande injustice » sur la « vieille injustice », à une échelle dépassant l’imagination, alors que, moralement et juridiquement, l’humanisme dont ils se prévalaient déjà à cette époque, aurait dû le leur interdire.

    Mais l’appât du gain était trop fort pour les capitalistes-négriers (400 % de profit !) qui confiaient le sale boulot à des marins et à des militaires sans foi ni loi, analphabètes pour la plupart, marquant au fer rouge la condition d’Africain subsaharien du sceau infamant de leur faciès, de leur mélanine épidermique et anti-UV. Plus de 12 millions d’êtres humains ont ainsi péri ou ont subi l’esclavage des plantations du Nouveau Monde, parmi lesquels 6 millions engloutis dans les eaux de l’océan Atlantique ! De simples idées s’imposent aujourd’hui : il n’y a pas de métis si ce n’est au sens biologique du terme (tout individu est un « métis »). Il n’y a pas de noirs ni de « nègres » (Cf. les Européens se traitent-ils de la sorte ?) et il n’y a pas de place non plus pour toute la sémantique relevant de la zoologie (cf. « mulâtre », « chabin », « câpre », « créole »). Il faut que les descendants de la diaspora africaine se débarrassent du syndrome de Stockholm, là où l’otage adopte l’idéologie de son ravisseur ou de ce que Sartre appela le « racisme-anti-raciste ».

      1. Ce que je sais et qui n’échappe pas au raisonnement logique est que celui qui se hâte de qualifier son semblable de moins que rien démontre ipso facto qu’il s’excuse de sa propre faiblesse. Voilà pourquoi la plus part des colonialistes usaient des traitements durement inhumains aux noirs, jusqu’aujourd’hui d’ailleurs, pour se libérer de sa peur, mieux de son complexe de race.

  5. Le terme « nègre » utilise par les Afro-descendants aux Antilles est-il moins péjoratif ? Les Haïtiens ne l’utilisent pas en français. En kreol haïtien Neg signifie Homme.

    1. En Guadeloupe aussi. Mais des gens de l’extérieur disent qu’il ne faut pas dire ce mot.

      Neg n’est pas péjoratif chez nous, s’il est dit entre nous. Il y a des neg rouge (plus clairs : chabin, capres) des neg noirs, des ti neg à maman et ti negresse à maman. Ces termes, venant de ma mère, avaient une connotation affectueuse. Je les acceptais avec joie tout en ayant le teint très clair.

    2. J’apprécie votre observation et votre questionnement. Cette problématique ethnolinguistique fait partie d’une campagne de conscientisation que j’engage a chaque fois que mes moyens limités me le permettent.

      En Haiti le mot « nègre » est utilise dans un cadre de référence historique et dans le langage poétique. Autrement, il est creolise « neg » en guise de traduction pour le mot français « homme »/personne; il a comme synonyme créole « moun »(sing,/plur.)

      Le féminin de « neg » , c’est « negess », plutôt utilise comme un superlatif ,moyennant certaines exceptions d’usage. A une enfant, on dira, autoritairement : « Pase isit, ti negess! ». Tandis qu’on fera référence a une femme qui jouit d’une grande notoriété (qui fait parler d’elle dans un sens ou dans l’autre ) , comme « granb negess ».

      Dans la panoplie des « neg »,on trouve des termes sympa , et d’autres qui le sont moins :
      Neg pa /Neg pa m : une personne de confiance
      Neg vayan : homme courageux
      Neg la kaiy : personne bien connue, familière
      Gwo neg : homme fort (physiquement et économiquement)
      Neg bet : sot ,stupide
      Neg voras : gourmand
      Neg bosal : force impressionnante,une brute
      Neg mawon : en référence historique aux Afro-descendants qui ont combattu l’esclavage par la fuite dans la brousse;fute
      Neg ginen / neg dawome : personne aux traits physionomiques très négroïdes
      Neg d’Ayiti : Afro-descendants, noirs d’Haiti
      Vye neg ; mon vieux
      Bon neg vs move neg
      Grand neg : homme riche,disposant de grandes latitudes dans divers domaines
      Gwo neg : homme fort
      Neg damou: un amoureux/tombe amoureux
      Neg for : intelligent
      Neg elegan
      Neg salop : un salaud
      Ner serié :un homme sérieux, à principes
      Lot neg la / lot neg yo : l’autre (homme) ; les autres (personnes )
      Ki kalite neg sa ? Quel genre de personnes est-ce?
      Neg sa a : cet homme ci / cet homme-la
      Neg sa yo / Bann neg sa yo …

      Par ailleurs,la constitution issue de la guerre d’indépendance, gagnée de haute lutte contre les forces napoléoniennes, déclare que « Tous les Haïtiens sont noirs « . En langage littéraire , on parle le plus souvent de la première république noire du monde.

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