Esclavage : en 1802 comment des Guadeloupéens alertèrent les Haïtiens

Esclavage : en 1802 comment des Guadeloupéens alertèrent les Haïtiens

Après le rétablissement officiel de l’esclavage en Guadeloupe (16 juillet 1802) malgré la résistance de Delgrès et d’Ignace, le général Richepance avait tenté d’arrondir sa solde en vendant aux États-Unis une partie des rebelles qu’il avait capturés. Bien entendu, il avait utilisé les bateaux de la Marine pour que cette opération ne soit pour lui qu’un bénéfice sans frais.

Mais les Américains avaient catégoriquement refusé de voir débarquer des rebelles, même réduits en esclavage, sur leur territoire.

Les bateaux qui transportaient la précieuse cargaison avait dû faire demi-tour. Malheureusement, l’un d’entre eux, La Cocarde, s’échoua au retour près de la Jamaïque.

La marine de guerre britannique, qui était à l’époque en paix avec la France, vint au secours du bateau et elle constata l’usage qui en était fait.

Comme ils ne souhaitaient pas, eux non plus, que les révoltés de la Guadeloupe débarquent en Jamaïque, les Anglais remorquèrent La Cocarde jusqu’à Port-au-Prince, où le bateau arriva à la fin du mois de juillet 1802.

Début mai 1802, une trêve – de pure forme – avait été conclue entre Toussaint et Leclerc. Quelques semaines plus tard, le Français avait fait enlever le général haïtien et l’avait fait déporter en France. Mais la guerre n’avait pas repris et Leclerc se gardait bien d’annoncer ses intentions, continuant à mentir en déclarant officiellement qu’il n’était nullement question de remettre en cause les acquis de la Révolution.

Une fois dans le port, où le bâtiment devait être réparé, les prisonniers enfermés dans la cale de La Cocarde réussirent à se débarrasser de leurs geôliers, et plongèrent pour rejoindre les quais à la nage, malgré le feu nourri qui s’abattit aussitôt sur eux.

La plupart des Guadeloupéens, bon nageurs, réussirent à toucher la terre ferme et, s’étant éparpillés dans la ville, ils furent cachés par des résistants auxquels il annoncèrent les vraies intentions de Napoléon qui venait non seulement de rétablir l’esclavage en Guadeloupe, mais avait privé tous ceux qui étaient libres avant 1794 de tous droits (aggravant en cela les dispositions du code noir de 1685).

Les Guadeloupéens échappés s’enrôlèrent dans les troupes résistant à Leclerc. Les informations qu’ils donnèrent jouèrent un rôle important pour la reprise d’un combat qui devait s’avérer victorieux 16 mois plus tard.

 

 

9 réactions au sujet de « Esclavage : en 1802 comment des Guadeloupéens alertèrent les Haïtiens »

  1. N’oublions pas l’épopée du révolutionnaire haïtien François Rigaud, frère du général André Rigaud et du révolutionnaire Antonin Rigaud. Les trois frères Rigaud s’étaient opposés à Toussaint Louverture durant la Guerre du Sud en 1800-1801. Battus grâce aux Américains malgré leur résistance acharnée, ils devinrent les vecteurs des idéaux révolutionnaires dans les autres îles des Antilles. François Rigaud arriva en Guadeloupe durant la révolution guadeloupéenne et fut le bras doit de Delgrès. Il participa aux luttes anti-colonialistes et fut pendu par Richepance en juin 1802 à la Batterie républicaine. Honneur à sa mémoire. Vive nos frères de la Guadeloupe.

  2. En tant que guadeloupéen, je suis fière de savoir que des guadeloupéens ont contribué à l’indépendance d’Haïti. Qui mieux que les opprimés peuvent défendre la liberté?

    1. Ce n’est pas le genre d’information qu’on risque de trouver dans le MACTe !

      Quand ça sera le cas, prévenez moi ?
      Merci

      Ps: je ne dis pas merci aux historiens qui ont corrompu le MACTe en lui apportant leur caution. C’est une honte.
      Mais ces fonctionnaires ont toute honte bue. Ils savent qui les paye et qui payera leur retraite.

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