La Marseillaise noire

La Marseillaise noire

La Marseillaise noire est le nom donné à une version militante de La Marseillaise qui fut écrite, peu après la guerre de Sécession, par un Afro-descendant de la Nouvelle Orléans, d’origine française, Camille Naudin, et qui fut publiée le 17 juin 1867 dans un journal La Tribune de la Nouvelle Orléans.

Cette version, la plus connue, ne doit pas être confondue avec une version antérieure, écrite par le poète Alphonse de Lamartine, et qui figure dans sa pièce Toussaint-Louverture (1839). Encore moins avec celle de Louise Michel (1865) qui n’a rien à voir avec les Afro-descendants ni l’esclavage.

 

1. La Marseillaise noire

Camille Naudin, 1867

 

Fils d’Africains! Tristes victimes,

Qu’un joug absurde abrutissait.

De monstres oubliant les crimes,

Pensons à Jésus qui disait: (bis)

« Peuples, plus de sang, plus de guerre

« Qui font rougir l’humanité,

« Moi je suis la Fraternité,

« Embrassez-vous, vous êtes frères. »

Debout! L’heure est venue, à chaque travailleur

Le pain (bis) qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.

Assez longtemps! le fouet infâme

De ses sillons nous a brisés,

Sans nom, sans patrie et sans âme;

Assez de fers! De honte, assez! (bis)

Que dans une sainte alliance

Les noirs et les blancs confondus

À la mort des anciens abus,

Marchant tous pleins de confiance,

Debout! L’heure est venue, à chaque travailleur

Le pain (bis) qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.

Debout! C’est l’heure solennelle!

Où sur le vieux monde écroulé

Le despotisme qui chancelle

Vient couronner la Liberté,

La discorde reprend sa pomme,

La raison humaine grandit;

C’est l’intelligence et l’esprit

Et non plus la peau qui fait l’homme.

Debout! L’heure est venue, à chaque travailleur

Le pain (bis) qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.

Plus d’ombre! partout la lumière,

C’est l’Évangile qui paraît;

Le blanc dit au noir: mon frère,

À jamais Caïn disparaît

Plus de sang! L’impie ignorance,

Arme terrible du tyran

Aux peuples s’entredéchirant,

Ne dit plus: mort, sang et vengeance.

Debout! L’heure est venue, à chaque travailleur

Le pain (bis) qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.

Allons! malgré votre race,

Hommes de couleur, unissez-vous;

Car le soleil luit pour tous.

Que chaque peuple heureux, prospère,

Au fronton de l’humanité,

Grave ces mots: en toi j’espère,

Tu règneras, Égalité.

 

 

2. La Marseillaise noire

Lamartine (1839)

Enfants des noirs, proscrits du monde,

Pauvre chair changée en troupeau,

Qui de vous-mêmes, race immonde,

Portez le deuil sur votre peau ! (bis)

Relevez du sol votre tête,

Osez retrouver en tout lieu

Des femmes, des enfants, en Dieu :

Le nom d’homme est votre conquête !

Offrons à la concorde, offrons les maux soufferts :

Ouvrons, ouvrons aux blancs amis nos bras libres de fers.

Un cri, de l’Europe au tropique,

Dont deux mondes sont les échos,

A fait au nom de République

Là des hommes, là des héros. (bis)

L’esclave enfin dans sa mémoire

Épelle un mot libérateur,

Le tyran devient rédempteur.

Enfants, Dieu seul a la victoire !

Offrons à la concorde, offrons les maux soufferts :

Ouvrons, ouvrons aux blancs amis nos bras libres de fers.

La France à nos droits légitimes

Prête ses propres pavillons ;

Nous n’aurons pas dans nos sillons

A cacher les os des victimes !

Offrons à la concorde, offrons les maux soufferts :

Ouvrons, ouvrons aux blancs amis nos bras libres de fers.

3 réactions au sujet de « La Marseillaise noire »

  1. Nous étions un troupeau d’esclaves
    Courbés sous un joug détesté
    Devenons un peuple de brave
    Combattons pour la liberté (bis)
    Par nos efforts que l’esclavage
    Soit a jamais anéanti
    Que vive libre en Haïti
    Les fils de l’Afrique sauvage
    Aux armes citoyens
    Dieu change notre sort
    Crions, crions, crions encore
    Liberté ou la mort.

    Version haïtienne retransmise par mon aïeule morte a 102 ans. Je n’en connais pas l’auteur.

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