L’arme secrète des esclavagistes en Martinique ?

L’arme secrète des esclavagistes en Martinique ?

Il est assez communément admis en Martinique que, pour dissuader les esclaves de prendre la fuite (de marronner) et semer la terreur, les esclavagistes auraient eu l’idée d’introduire sur l’île au 17e siècle un serpent venimeux particulièrement redoutable : le trigonocéphale.

La morsure de ce grand serpent, qui peut atteindre deux mètres, peut être mortelle si un sérum n’est pas rapidement administré.

 

trigonocéphale

 

 

 

 

 

Pour certains auteurs dont le Père Du Tertre (1650) ce seraient les Caraïbes qui auraient introduit ce serpent afin de s’en servir contre les Arawaks, qui peuplaient l’île avant eux.

Ce témoignage indique en tout cas l’ancienneté de la présence du trigonocéphale : si la thèse de l’introduction par les colons était avérée, cette introduction correspondrait aux débuts de l’esclavage.

Pour d’autres commentateurs, la présence de ce serpent serait antérieure au peuplement humain de l’île.

Les colons étaient en tout cas si fiers des trigonocéphales que les bateaux négriers, en arrivant à Fort-de-de-France arboraient aux XVIIIe siècle le drapeau à 4 serpents – devenu l’emblème de la colonie – qui avait l’avantage de signaler à ceux qui débarquaient d’Afrique ce qui les attendait s’ils prenaient le maquis.

 

drapeau-martinique

 

 

 

 

 

Le problème fut que le trigonocéphale de la Martinique finit par pulluler, mordant indifféremment les maîtres et les esclaves -pas forcément fugitifs – et que les colons durent, au XIXe siècle, importer des mangoustes indiennes.

Les mangoustes s’en prirent aux trigonocéphales, mais aussi, quand elles n’en trouvaient pas, aux poules et aux perroquets, qui disparurent de l’île.

Les trigonocéphales étaient encore si nombreux à la fin des années soixante qu’il fallut engager une politique visant à leur destruction. Une prime de 100 F était remise par tête de trigonocéphale : 112 000 serpents auraient été ainsi détruits entre 1970 et 1994.

Aujourd’hui, le trigonocéphale est fort heureusement assez rare pour ne pas inquiéter les touristes ni les Martiniquais.

L’institut Pasteur a mis au point un vaccin spécifique permettant de sauver la vie de ceux qui auraient maille à partir avec lui.

 

 

8 réactions au sujet de « L’arme secrète des esclavagistes en Martinique ? »

  1. Rien ne nous surprendra plus. Souvenez-vous à l’apparition su Sida : la presse insinuait que seul les noirs
    seraient touchés; hélas tout le monde est concerné. La nature !

  2. Dans mes souvenirs d’enfance des années 50, nous allions souvent au Morne rouge, chez notre grand-père qui était chasseur de serpents. Un jour que nous étions là-bas, mon frère et moi, mon frère voulut aller cueillir des groseilles, et comme elles étaient en hauteur, il monta sur un tas de feuilles. Tout a coup, il se sentit soulevé du sol. Terrorisé, il partit en courant : c’était un serpent, enroulé sous les feuilles qui l’avait soulevé !
    Notre grand père est parti pour le tuer. Je ne sais quel était son nom, à ce serpent, mais il était gros a faire vraiment peur.

  3. Dès leur invasion de la Martinique, les Européens et Français furent confrontés à nos serpents, endémiques, des îles de SAINTE-LUCIE et surtout MARTINIQUE, endémiques depuis 12 millions d’années. Il est constaté deux espèces de trigo en Martinique. Ces serpents ont été alliés des Kalinas et Africains rebelles face aux esclavagistes, (Amérindiens et Africains détenaient d’ailleurs un antidote aux dires des colons, cf. missionnaires esclavagistes Labat, DuTertre, etc). L’introduction néfaste de leur mangouste depuis l’Inde a détruit la faune aviaire et d’autres reptiles endémiques. Les colonialistes français ont ainsi porté ainsi atteinte à la biodiversité martiniquaise, à la Gwanakaéera (îles aux lézards ) des Kalina.

    MKBA

    1. Attention ! Il n’y a pas eu d’esclavagistes martiniquais, mais bien des esclavagistes ressortissants européens et français occupant et spoliant la Martinique. Grande nuance !
      MKBA

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