Le CAI, service d’espionnage de la rue Oudinot

Le CAI, service d’espionnage de la rue Oudinot

En 1923, un ministre des Colonies, Georges Sarraut, ressuscitant le service de la  « police des noirs » mis en place sous Louis XVI, créa auprès de la direction des Affaires militaires du ministère des Colonies, 27 rue Oudinot (aujourd’hui ministère des Outre-Mer), un service de renseignement dont la mission était d’espionner les indigènes d’Afrique, de Madagascar et d’Indochine présents sur le territoire français, et bien évidemment les Antillais, Guyanais et Réunionnais (qui eux n’étaient pas des « indigènes », mais des citoyens).

Le service d’espionnage de la rue Oudinot prit le nom de CAI (service de Contrôle et d’Assistance aux Indigènes). Inutile de préciser que le service en question contrôlait plus qu’il n’assistait.

Le but était double : éviter d’une part que les « indigènes » – et en particulier les tirailleurs stationnant sur le territoire – ne soient « contaminés » par la propagande bolchévique, éviter d’autre part tout regroupement inter-colonial et assurer la division entre Africains et Antillais.

Disposant d’honorables correspondants, d’indicateurs, d’agents infiltrés, de bureaux dans les grandes villes, et bien sûr de fonds secrets, ce service spécifique fonctionnera officiellement au moins jusqu’à la seconde guerre mondiale.

Les archives du CAI, conservées à Aix-en-Provence, sont une mine pour les historiens.

4 réactions au sujet de « Le CAI, service d’espionnage de la rue Oudinot »

  1. Ce service a-t-il vraiment disparu au sein de l’état colonial français ? N’a-t-il pas seulement changé de nom et de forme ?

    Non seulement rue Oudinot, lieu traditionnel de coordination du pouvoir des descendants des maîtres esclavagistes, mais dans toutes les institutions de l’Etat français ainsi que dans bon nombre d’associations qui prolongent l’action du gouvernement.

  2. En effet, mon grand-père, qui quitta sa Guadeloupe natale pour aller sauver la « mère-patrie » sous occupation allemande, relate qu’après la guerre, ses amis antillais, africains et lui-même firent l’objet de véritables rafles pour être disséminés dans différents quartiers de la capitale.

    Et dire que mon adresse parisienne est rue Oudinot…

  3. En lisant cela et tout me revient en pleine face !

    Ce service, dont je n’apprends le nom que maintenant (CAI) a sevi au moins jusqu’à la fin 1966.

    Partout où nous étions, il y avait un suivi de nos déplacements : Bordeaux, Toulouse, ou quand nous nous trouvions sur la cote d’Azur a Antibes, de même lorsque nous étions sur la cote Basque il y avait toujours un rapport de fait sans rien omettre de nos déplacements.

    Nous ignorions à qui les informations était données.

    Maintenant je comprends mieux.

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