Mongo Beti (1932-2001)

Mongo Beti (1932-2001)

Mongo Beti, de son vrai nom Alexandre Biyidi Awala, est né en 1932 non loin de Yaoundé (Cameroun).

Après son baccalauréat, il va en France poursuive ses études supérieures de lettres classiques : à Aix-en-Provence puis à Paris, tout en commençant à écrire des romans et des nouvelles sous le pseudonyme de Mongo Beti, d’abord publiés par Alioune Diop aux éditions Présence africaine.

En 1956, Le pauvre christ de Bomba, dénonciation féroce de la société coloniale française, fait scandale.

Après avoir enseigné comme maître auxiliaire, puis professeur certifié, le français, le latin et le grec, aux lycées de Rambouillet et de Lamballe, Mongo Beti est reçu à l’agrégation de lettres classiques en 1966 et nommé au lycée Pierre Corneille de Rouen où il fera toute sa carrière de professeur jusqu’à sa retraite en 1994.

En 1972, son ouvrage dévastateur Main basse sur le Cameroun (publié par François Maspéro) est censuré par arrêté du ministre de l’Intérieur Marcellin, à la demande du gouvernement camerounais et de Jacques Foccart. Il faudra 4 ans de procédure pour que l’arrêté soit enfin annulé.

En 1978, Mongo Beti fonde la revue Peuples noirs, peuples africains, avec son épouse Odile Tobner.

Rentré au Cameroun après 32 ans d’exil, Beti ouvre une librairie à Yaoundé tout en continuant d’écrire et de publier. Il meurt à Douala en 2001, d’une maladie relativement bénigne mais mal soignée faute d’équipements.

La veuve de Mongo Beti, Odile Tobner, une Française agrégée de Lettres classiques, a poursuivi avec courage et talent le combat de son mari (qu’elle avait suivi à Yaoundé) contre le racisme et le colonialisme.

Présidente de l’association Survie depuis 2005, elle a publié aux Arênes, Du racisme français, quatre siècles de négrophobie. Cet ouvrage, pourtant essentiel, a réussi le tour de force de n’obtenir aucune mention critique dans les colonnes d’aucun journal français.

6 réactions au sujet de « Mongo Beti (1932-2001) »

  1. Je signale l’existence d’un ouvrage collectif publié sous la direction d’Oscar Pfouma et publié à Paris, en hommage à Mongo Béti, en 2004. Avec une contribution de Mme Odile Tobner ( l’épouse de feu M.B.)

  2. J’ajouterais, aux deux commentaires précédents, que si Mongo Beti avait été vivant en 2007, il se serait sans doute fendu d’un livre sur Sarkozy qui aurait encore une fois déclenché les foudres des suprémacistes blancs / racistes.

    Son épouse Odile Tobner s’est chargée d’une partie du fardeau en participant à l’ouvrage à lire absolument, puisqu’il est, à mon humble avis, toujours d’actualité, si ce n’est encore plus sous Hollande et l’invasion-réparation de l’esclavage au Mali: L’Afrique répond à Sarkozy.

    Un ouvrage dont certains des articles m’ont fait pleurer de rage, de tristesse et de colère.

    1. Merci également à LaCec Sainti de rappeler avec une très grande justesse le combat d’Odile Tobner qui a continué courageusement l’oeuvre de son mari et compagnon de lutte Mongo Béti.

      L’occultation dont elle fait l’objet confirme l’état de délabrement moral, intellectuel et spirituel auquel conduit le racisme négrophobe structurel animé par toutes les élites politiques, économiques, culturelles et médiatiques de la France.

  3. Lorsqu’on constate la profusion de faux leaders, de faux radicaux de tout poil se servant de la cause, on ne peut que regretter le vide que laisse un vrai combattant, un vrai leader comme l’était Mongo Béti qui, lui, la servait vraiment !

  4. MONGO BETI : Un combattant intransigeant, tombé l’arme à la main.

    Les patriotes Africains ont appris avec beaucoup de peine la mort du « combattant écrivain », Mongo BETI, le 7 octobre dernier.

    Il y a quelques temps nous mettions en exergue dans une contribution, les propos de NADINE Rosa Rosso, SG du PTB à Bruxelles ou elle soulignait « que le plus dur n’est pas encore d’être un révolutionnaire à vingt ans, mais de le rester toute sa vie ».Nous ne connaissons pas trop bien Mongo Béti, mais ayant eu le privilège d’avoir été un lecteur de la Revue « PEUPLES NOIRS PEUPLES AFRICAINS » dont il fut le Directeur, d’avoir été un de ses correspondants et de l’avoir rencontré, nous pouvons affirmer qu’il fait partie des hommes qui sont morts avec leurs convictions. Nous pouvons également témoigner que dans le cadre de nos relations épistolaires et dans d’autre s domaines , nous avons découvert en lui un homme simple, généreux et disponible. Aussi, jusqu’à l’âge de 68 ans ou il a quitté ce bas monde,

    Alexendre Biyidi ALAWA , de son vrai non, n’a jamais été pris en « flagrant délit de concussion » avec l’ennemi. Ni même par défaut de louvoiement avec l’adversaire. Comportements que l’on observe par ces temps faits de reniements, auprès de certains individus qui par intérêt ou par couardise, versent dans la Réeal-Politik. Par ailleurs, avant de retourner vivre dans son pays natal, Mongo Béti a eu la chance de « vivre à l’intérieur du monstre », pour re prendre l’expression du poète cubain José MARTI. Ce ci lui a permis de connaître et de repérer toute la faune de prédateurs et autres Barbouzes de tout poil et de tous bords déguisés en chroniqueurs ou « critiques » de la littérature Africaine qu’il ne cessait de traquer sans ménagement dans tous les coins de rue de l’Hexagone et d’Afrique. « Nous n’avons pas eu de mots assez durs ici pour nos aînés, gloires momifiées dans l’impuissance et la veulerie (…) ». Il ne se lassait jamais de démonter la stratégie de ceux qui voulaient confiner l’intellectuel africain à « d’éternels élèves, afin que l’assistance technique ne soit jamais privée de sa légitimité idéologique. Imaginez, ,l’incongruité que serait un Africain de talent ou compétent. L’idée en est même insupportable, à moins poursuit-il de découvrir l’oiseau rare, le perroquet répétant « la raison est hellène l’émotion est nègre ». Disait-il en réaction à une démarche qu’il n’approuvait pas du reste, de son ami le Pr GUY Issito Midohouan, auprès du Directeur de JEUNE AFRIQUE.(PNPA n°40 Juillet-Août 1984).

    « L’écrivain combattant « était craint à cause des « salves » de sa plume avec laquelle il a soufflé plus d’un tyran . A ce propos, on peut dire qu’ un de ces passages de son best-seller, Main basse sur le Cameroun. ou il brocarde le petit commis des PTT presque analphabète , sont à la base de l’interdiction du livre dès sa sortie des presse de l’imprimerie en 1972 et de ses multiples tracasseries éventuelles. Après avoir dressé à grands traits le cursus de celui qui a été un des liquidateurs de Osendé Ofana et Ernest Ouandié, il note que « l’Etranger naïf ne peut imaginer que chacun des silences du Président, chaque dérobade du regard, chaque sourire saugrenu, chaque chevrotement de la voix, chaque quinte de toux, aide Ahmadou Ahidjo à chercher longuement un terme, un tour de phrase toute faite, apprise par cœur et n’ayant guère de parenté avec la question posée ou la circonstance .(Ed .PNPA p.73)

    Toute la stratégie de Mongo Béti consistait à mettre son intelligence, ses forces et ses moyens en synergie afin de permettre aux africains de mieux voir, pour mieux comprendre et pouvoir traquer efficacement les forces du mal qui oppriment, exploitent et dominent pour ainsi dire le Continent sous diverses formes. D’où la mise sur pied en 1977, de la Revue PEUPLES NOIRS, PEUPLES AFRICAINS à laquelle il consacra tout son temps, toutes ses forces et ses deniers pour la faire vivre et surtout faire face à un agent à la solde du régime de Biya qui a voulu le ruiner et faire couler la Revue à travers une « commande industrielle » qu’il refusa d’honorer par la suite.

    Mais Béti était surtout craint ou haï, du fait qu’il était imperméable aux compromissions, « aux compliments hypocrites », comme disait le poète DAVID Diop. « Il ne voulait rien », comme aiment aussi dire certains politiciens et personnes sans scrupules, prêtes à tout justifier, à tout théoriser. Surtout par ces temps qui courent ou chacun a à la bouche la MONDIALISATION ou les NTCI. Cependant quelque chose le préoccupait, c’étaient la dignité, l’indépendance, et le progrès de l’Afrique. « Il nous faut en finir une fois pour toute avec le néocolonialisme, d’où naissent tous les maux qui aujourd’hui nous accablent ».Précisait-il à Pius NJAWE, Directeur du journal le Messager, en 1988.

    Pour terminer, après avoir présenté nos condoléances à sa famille, à tous les patriotes africains et à tous ses amis à travers le monde, nous formulons le souhait que son œuvre à l’instar de celles de s Nelson Mandela, Cheikh Anta Diop, Thomas Sankara et les autres valeureux fils du Continent ,puisse inspirer la jeunesse africaine qui a un sérieux problèmes de repère au début de ce troisième millénaire.

    Dakar, le 15 Octobre 2001

    Ababacar Fall BAROSS

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