Paul Niger (1915-1962)

Paul Niger (1915-1962)

Paul Niger, de son vrai nom Albert Béville, est né le 21 décembre 1915 à Basse-Terre (Guadeloupe).

Après des études de droit et à l’École de la France d’Outre-mer, Béville fut mobilisé pendant la campagne de France.

Administrateur des colonies après la guerre, il se révolta contre le système colonial français, renonça à sa carrière et adhéra au rassemblement démocratique africain et devint le représentant à Paris du Mali puis du Sénégal.

Il commença à publier des poèmes sous le pseudonyme de Paul Niger (niger signifiant « noir » en latin) dans le sillage du mouvement dit de la négritude.

En 1961, il fonda avec Marcel Manville le Front des Antilles-Guyane pour l’autonomie, qui fut presque aussitôt dissout.

Dès lors Paul Niger devint-il l’une des cibles de Jacques Foccart.

La publication du pamphlet Les Antilles et la Guyane à l’heure de la décolonisation lui valut d’être interdit de séjour dans les départements d’Outre-mer et de faire l’objet d’une sanction administrative.

Bravant l’interdiction de séjour, Paul Niger réussit (avec une facilité étonnante) à s’embarquer à bord d’un boeing 707 à destination de la Guadeloupe le 21 juin 1962. Parmi les passagers, un autre autonomiste : Justin Catayée. Le lendemain, le boeing s’écrasait à Deshaies (Guadeloupe) dans des conditions ayant donné lieu à une sérieuse controverse.

 

3 réactions au sujet de « Paul Niger (1915-1962) »

  1. Si il a été ennemi de Jacques Foccart, il ne peut qu’être un homme de bien.
    Je ne le connaissais pas!
    Merci pour l’info, un héros de plus à faire connaître à mes enfants.

  2. On pourrait dire que le sentiment anticolonialiste des Afro-Caribéens a commencé à germer chez quelques administrateurs des colonies au contact des civilisations subsahariennes (cf. AOF, AEF et Madagascar), tel René MARAN obtenant le prix Goncourt en 1921 pour son roman « Batouala », ce qui lui valut d’être sanctionné administrativement. Puis vinrent Rémy NAINSOUTA qui, à Dakar, laissa un souvenir impérissable par son travail sanitaire inlassable, son attitude positive à l’égard des Sénégalais, Guy TIROLIEN, Albert BEVILLE, etc.. D’autres, à l’inverse, furent encore plus féroces et plus colonialistes que les administratifs française à l’égard des Africains subsahariens… Dans l’Entre-Deux-Guerres, la quintessence de l’idéologie coloniale s’exprimèra par l’ignoble imposture de l’Exposition Coloniale à Paris de 1931 que visitèrent des milliers de Français abusés et que dénoncèrent les surréalistes et les communistes, par les fêtes du Tricentenaire en Guadeloupe et par l’envoi de nombreux administrateurs franco-caribéens dans le but de servir de « symboles » de réussite assimilée aux premières élites africaines et de « tampons » racialistes. Disons que l’école négritudiniste des CESAIRE, SENGHOR, DAMAS ne fut connue qu’après la Deuxième guerre mondiale, ainsi que les écrits de BEVILLE ou de TIROLIEN publiés par « Présence Africaine ». L’engagement anticolonialiste de BEVILLE correspond à tout un contexte intellectuel parisien lié aux positions de l’AGEG et de l’AGTAG, du CMAF de Rosan GIRARD et à celles des communistes en Guadeloupe et Martinique et aux violentes polémiques résultant de la Guerre d’Algérie. La répression antinationaliste du pouvoir gaulliste concrétisée par le SAC de Jacques FOCCART contre toute velléité autonomiste guyano-caribéenne, s’est avérée amplifiée par ce contexte, d’autant que ces prémices anticolonialistes, essentiellement intellectuelles, avaient adopté inconsciemment une position ethnocentriste (cf. les « Antilles-Guyane » vues par le pouvoir parisien !) et non issues des masses populaires de ces trois pays. Le FAG (Front Antillo-Guyanais) doit être considéré comme une étape symbolique venant de « là-bas ». Le GONG, lui-même, ne fut-il pas créé à Paris en 1963 ? L’attitude inflexible de CATAYEE contre un parlementarisme de façade, contre l’implantation de Pieds-noirs en Guyane et les promesses non tenues de De Gaulle sur une possible évolution institutionnelle de ce pays, peut expliquer le danger que représentaient ces deux hommes aux yeux d’un FOCCART. Les services secrets français savaient que BEVILLE allait transgresser l’interdiction qui lui avait été signifiée de ne pas se rendre dans la Caraïbe. On les a laissés -tous les deux- prendre, en juin 1962, un Boeing 707 dont on avait certainement faussé les instruments de bord (compas, altimètre). Une année auparavant, FANON avait succombé très jeune à une imprévisible « leucémie », après avoir échappé à deux attentats. On suppose que le polonium y fut pour quelque chose !

  3. Il fut l’un des fondateurs ( oubliés!) de Présence africaine. Les Antilles Guyane à l’heure de la décolonisation » regroupe les travaux du Front des Antillais et Guyanais pour l’autonomie ( Béville ayant porté le rapport politique).
    Pour plus de précisions sur le parcours de Béville et sur le fameux crash, voir mon ouvrage : Ronald Selbonne, Albert Béville alias Paul Niger, préface de Christiane Taubira, Ibis Rouge éditions, 2013

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