Twelve Years a Slave

Twelve Years a Slave

Twelve Years a Slave est le troisième film du réalisateur afro-britannique Steve McQueen, interprété par Chiwetel Ejiofor.

C’est l’adaptation de l’autobiographie de Solomon Northup, un Afro-descendant américain libre, père de famille, qui fut kidnappé en 1841 dans l’État de New York, vendu et mis en esclavage pendant 12 ans dans une plantation de coton de Louisiane.

 

sortie en France : 22 janvier 2014

 

Notre Critique

 

Twelve Years A Slave : la plantation filmée comme un camp de concentration

 

Selon Steve Mc Queen, qui s’est publiquement exprimé à ce sujet le 11 décembre 2013 à Paris, lors de l’avant-première officielle, le film Twelve Years A Slave – Douze ans d’esclavage – est parti d’un constat très simple : la mise en esclavage raciste, déshumanisante et génocidaire des Africains par les Européens a duré plus de quatre siècles et n’a donné lieu, depuis l’invention du cinéma en 1895, qu’à une vingtaine de films, plus ou moins réussis, parfois scandaleux. Mc Queen n’a pas hésité à faire une comparaison avec la tragédie de l’Holocauste – au autre désastre pour l’humanité – qui, du fait de son déroulement sur une courte période, par ailleurs récente, du fait aussi de son intensité, du fait aussi – disons le franchement – que les victimes avaient la peau claire, a donné lieu à d’innombrables productions.

Il s’agissait donc, pour le réalisateur afro britannique, de compenser ce déficit et aussi, quitte à soulever la polémique, de montrer que la mise en esclavage des Africains par les Européens, en particulier en Amérique du Nord, fut une tragédie absolument comparable à la Shoah.

Il faut s’attendre à une plongée de deux heures dans un univers infernal, purement et simplement concentrationnaire. Twelve Years A Slave est absolument insoutenable de ce point de vue. Quasiment du début jusqu’à la fin. Et c’est parce qu’il est insoutenable qu’il faut aller le voir.

L’esclavage est dépeint sans fioritures. Les coups de fouet font mal. Très mal. La séparation des mères d’avec leurs enfants donne envie d’intervenir. Mais on ne peut rien faire. Dans ce film, la seule liberté possible, c’est la mort ou bien un énorme coup de chance. La tragédie n’en finit pas et la réussite de Twelve Years A Slave, c’est de montrer que toute survie, dans de pareilles circonstances – à l’évidence génocidaires – était une résistance extraordinaire. Ceux qui ont survécu à l’esclavage en se projetant dans un avenir de liberté à travers leur descendance sont des héros. Les descendants d’esclaves peuvent être fiers de leurs ancêtres : ils sont la preuve vivante de leur libération.

Pour que les spectateurs de toutes couleurs et toutes origines s’identifient au personnage central du film, on a choisi un bourgeois bien éduqué. Un peu trop, même. Tout l’opposé de Django, l’homme révolté. Solomon est parfaitement intégré dans la société du Nord, en apparence antiraciste. Il joue bien du violon. Comme le chevalier de Saint-George. Deux admirateurs lui proposent d’aller jouer à Washington. Dans un cirque. Solomon aurait dû se méfier. Mais ce n’est pas le cirque qui va poser problème…

Il faut se précipiter pour voir ce film, réalisé par un Afro-britannique et joué par des comédiens de talent dont Brad Pitt. Son intervention – quelque peu invraisemblable – est malgré tout un soulagement.

Bref, Twelve Years A Slave ouvre le chemin vers une autre vision de l’esclavage.

L’humanité est une et indivisible. Lorsqu’un homme traite un autre homme – blanc ou noir de peau, juif, animiste, musulman, chrétien, athée – comme une bête, c’est toute l’humanité qui est en péril. Il n’y a pas de concurrence des mémoires. Il n’y a pas de peuple élu. Il n’y a pas de « races ». Rien que des femmes et des hommes tous pareils. Tous blessés quand on les maltraite. Twelve Years A Slave nous dit que l’esclavage et l’holocauste, c’est exactement la même chose. Pas pour minimiser l’Holocauste ni pour faire une guerre des chiffres. Non, juste pour rendre à chacun la part d’humanité qui lui revient de droit. Il y a des gens que cette comparaison dérangera. Et ce dérangement-là, c’est justement le racisme même.

© Une Autre Histoire 2014

La bande-annonce VOST

 

Avant-première

 

Steve Mc Queen et Chiwetel Ejiofor présentant leur film à Paris lors de l’avant-première officielle du 11 décembre 2013 à l’UGC Normandie

 

 

 

Exclusif : l’intervention de Chiwetel Ejiofor à propos du film


 

2 réactions au sujet de « Twelve Years a Slave »

  1. Pour une fois, on verra l’esclavage d’un point de vue autre que celui du blanc, non pas fantasmé comme dans « Django Unchained », ni à l’eau de rose comme dans les rares productions Hollywoodiennes, ni – le pire- de manière inexistante comme dans la fiction française.

    Je ne m’étendrai même pas sur l’insulte qu’est « Case départ » avec les idiots utiles des médias français Fabrice Eboué et Thomas N’gijol.

    Impatient de voir ce film, j’espère qu’il remettra les pendules à l’heure.

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