La France et la Centrafrique

La France et la Centrafrique

Depuis l’indépendance politique proclamée le 13 août 1960, la Centrafrique – ancien Oubangui Chari – est restée dans le périmètre d’influence français sur fond d’instabilité et de corruption. Barthélémy Boganda, le premier chef de l’État centrafricain, qui s’opposait à ce type de relations, trouva la mort le 29 mars 1959 dans un accident d’avion que des observateurs jugèrent suspect.

C’est alors David Dacko , cousin de Boganda, qui devint le premier président de la république centrafricaine.

En 1965, Jean-Bedel Bokassa , un officier français, cousin de Dacko, s’est emparé du pouvoir et s’y est maintenu autoritairement (se proclamant empereur) jusqu’à ce que les Français ne l’en chassent en 1979 parce qu’il se rapprochait de Khadafi. Dacko, conseiller personnel de Bokassa, assure alors l’intérim.

En 1981 André Kolingba renverse Dacko et impose une dictature directement contrôlée par la France jusqu’en 1993.

Les premières élections  permirent à Ange-Félix Patassé de devenir président en 1993. Il fut remplacé en 2003 par François Bozizé, venu au pouvoir par un coup d’État soutenu militairement (via l’armée tchadienne) par la France qui restera par la suite très présente dans le pays.

C’est Bozizé qui se chargea en février 2004 de prendre en charge Jean-Bertrand Aristide, président élu d’Haïti, renversé par un coup d’État appuyé par la France de Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Le président Aristide, qui devait être placé en résidence surveillée à Bangui – sous le contrôle de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense – réussit cependant à repartir en Jamaïque, grâce à l’appui d’activistes, notamment afro-américains dont Maxine Waters.

Bozizé, après avoir concédé des  exploitations pétrolières de la frontière tchadienne à la Chine, a été renversé au printemps 2013 par la SELEKA, une coalition musulmane, qui a porté au pouvoir Michel Djotodia.

Malgré la dissolution de la SELEKA, des bandes armées se sont formées qui ont échappé à tout contrôle de Djotodia. Pour protéger la population chrétienne (85 % de la population en Centrafrique) des milices chrétiennes « anti-Balaka » se sont organisées, probablement soutenues par les partisans de François Bozizé, et donnant lieu à des affrontements dont des centaines de civils ont fait les frais.

Le 5 décembre 2013, la résolution 2127 de l’ONU a autorisé les troupes françaises à appuyer une mission internationale sous conduite africaine de soutien à la Centrafrique qui peut intervenir pendant 12 mois. En réalité, la France a pris le commandement de cette mission, baptisée opération SANGARIS. C’est la 7e intervention militaire de la France en Centrafrique depuis l’indépendance théorique de 1960.

La présence militaire française, déjà significative en Centrafrique, a été portée le 7 décembre 2013 à 1600 hommes, et en 2014 à 2000 hommes.

L’opération SANGARIS s’est prolongée en 2015.

Djotodia a été contraint par la mission internationale à démissionner et à se réfugier au Bénin le 10 janvier 2014. Il a été remplacé par le président d’un conseil national de transition qui a élu, le 23 janvier 2014, une catholique, Catherine Samba-Panza, comme chef de l’État, sans que les troubles intérieurs aient pour autant cessé : les milices musulmanes de la Séléka, dont Djotodia a repris la tête, sont toujours actives au nord et au centre du pays et affrontent les milices chrétiennes « anti-Balaka », le tout sur fond de grand banditisme.

Centrafrique juin 2014

 

 

 

 

Entre décembre 2013 et juin 2014, plusieurs Français (on parle de 16) ont commis des viols sur des enfants centrafricains. L’information serait probablement restée secrète si le quotidien britannique The Guardian ne l’avait révélée le 29 avril 2015. L’indignation en France est restée plus que mesurée et le nom des coupables n’a pas été révélé.

 

 

2 réactions au sujet de « La France et la Centrafrique »

  1. Après avoir soutenu et laissé faire la SELEKA, voici que la France intervient en Centrafrique, éliminant d’un coup à la fois Bozizé et Djotodia, pour renforcer la Francafrique et envoyer un message fort a tout ceux qui voudraient contrarier l’impérialisme colonial français. Tout cela avec le soutien moral de l’ONU et le financement de l’union européenne. Un véritable coup de maitre de la Françafrique !

  2. Je serai beaucoup plus direct pour qualifier la politique de la France vis à vis de la Centrafrique et de l’Afrique de l’Ouest en général : c’est la Françafrique !

    La France, puissance impérialiste historique veut continuer, malgré son déclin, à coloniser au-dessus de ses moyens.

    Pourquoi ? Au nom des droits de l’homme « blanc » ! C’est à dire pour des intérêts économiques, stratégiques , financiers, géo-politiques qu’elle veut maintenir par sa force armée, avec la bénédiction des USA, de l’Europe et d’Israël.

    La France n’est là que pour s’assurer la prééminence dans la poursuite du dispositif de pillage multiséculaire des immenses richesses de l’Afrique.

    Ce que les dirigeants français n’ont pas encore compris c’est que le déclin de leur pays ne leur donne plus les moyens d’une telle politique et qu’il n’y aura ni retour en arrière ni sursaut.

    La Syrie a pourtant été un sérieux avertissement.

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