Le camp des nègres de Pontanézen

Le camp des nègres de Pontanézen

Les anciennes casernes de Lambezellec-Pontanézen (Finistère), au nord de Brest, servaient au XVIIIe siècle à l’accueil des bagnards en transit avant leur installation définitive au bagne de Brest.

Elles furent utilisées à partir du printemps 1802 et surtout pendant l’automne et l’hiver 1802-1803, comme un camp de triage pour les déportés des Antilles débarqués à Brest. Ces déportés, qui n’étaient pas moins de 1500 – dont au moins 800 Guadeloupéens – étaient des prisonniers qu’on n’avait pas eu le temps ou les moyens d’exécuter sur place. On n’avait à leur reprocher que leur couleur.

Les casernes n’étant pas chauffées, et les déportés n’ayant pas de vêtements, la mortalité fut effrayante et permit de « sélectionner » les plus résistants.

Bonaparte voulait éviter à tout prix que les déportés ne soient en contact avec la population, par racisme, par peur que les Français, et particulièrement les opposants républicains à sa dictature, ne s’aperçoivent que ces « sauvages » étaient pour la plupart instruits et bien entendu de peur que les déportés ne puissent dire que la colonie de Saint-Domingue était en passe d’être perdue.

Il donna personnellement des ordres pour que ces déportés soient transférés en Corse, à l’île d’Elbe (camp de Porto Ferrajo) ou à Mantoue pour être employés aux fortifications.

« Je porte le plus grand intérêt, écrit-il le 18 avril 1802, à ce que Brest et les environs soient purgés de ces individus ».

Aucun de ces déportés, dont beaucoup moururent dès les premiers mois, ne devait revoir son île natale. À la fin de l’Empire, ils avaient tous disparu sans laisser de trace.

Les anciennes casernes de Pontanézen existent toujours et sont occupées par la gendarmerie.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’aucun effort n’a été fait par la France, y compris depuis le vote de la loi Taubira, pour faire de ce camp un lieu de mémoire.

Pontanézen 2

6 réactions au sujet de « Le camp des nègres de Pontanézen »

  1. J’ai plutôt une question: quelle est l’histoire de ce camp militaire de la Guyane Française qui portait ou porte encore le nom de Rochambeau? Il s’agit de quel Rochambeau? Celui dont le nom est lié à l’histoire des Etats-Unis ou celui dont le nom est lié à Saint-Domingue et qui distribuait des chiens aux colons en leur disant: « Ne leur donnez à manger que du nègre. » Ce camp existe-t-il encore? Merci d’avance.

  2. Si l’on se contente des programmes scolaires, il me semble me souvenir que l’on n’apprend de Napoléon que les batailles, la campagne de Russie, d’Egypte, Waterloo, Sainte-Hélène.

    Des amis allemands dont les familles étaient anti-nazies, y compris deux oncles dont le fameux Klaus von Stauffenberg (récemment interprété par Tom Cruise) qui tenta de tuer Hitler et fut pendu m’ont toujours dit  » Nous avons eu Hitler, mais il serait temps que les Français sachent que Napoléon ne valait pas mieux. »

    Je ne savais pas de quoi ils parlaient jusqu’à ce que je découvre ce site. C’est absolument terrifiant et il est assez indigne qu’au 21ème siècle tout cela soit occulté dans les programmes de l’Education nationale.

    1. Nous sommes d’accord sur un point : Napoléon était un dictateur belliqueux et son racisme primaire était à l’image de son époque. La comparaison avec Hitler est intéressante et j’y souscrit plutôt.
      Je voudrais en revanche émettre une réserve sur Claus von Stauffenberg. Certes, cet homme a tenté de tuer Hitler et a fini sa vie en héros de la résistance antinazie. Mais il reste un militaire du IIIe Reich, même s’il a évolué. Il a eu de grandes responsabilités dans l’armée jusqu’en 1943 (et reçu une grave blessure) avant de se retourner en 44 ( et pas avant !) contre Hitler. Je trouve ça honorable mais un peu tardif. Quoi qu’il en soit, il était, comme beaucoup de ses contemporains, profondément raciste. Voici ce qu’il écrit depuis le front en Pologne, en 1939 : « La population est une incroyable populace : de très nombreux juifs et de très nombreuses personnes qui ne sont pas de race pure. Un peuple qui ne se sent bien que sous le knout. Les milliers de prisonniers vont faire vraiment du bien à notre économie agricole. En Allemagne, ils pourront sûrement être bien utilisés, vaillants, obéissants et se contentant de peu ». Voilà qui me rappelle nos fameux « bienfaits de la colonisation ».

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